L'ancienne capitale du Beaujolais
Il faut remonter au Xème siècle pour trouver les premières traces des Sires de Beaujeu. À cette époque, Bérard était un gros propriétaire, dont le domaine s'étendait de la Saône au Forez. Il habitait avec sa femme Vandalmode le château de Pierre-Aiguë. Ce domaine grandit, si bien qu'au XIIIème siècle il était la troisième baronnie de France après Bourbon et Coucy. En 1400, Édouard II, dernier représentant de la famille de Beaujeu, céda ses terres aux Bourbons, comtes de Forez qui devinrent Seigneurs de Beaujeu et de Dombes. Vinrent ensuite les Bourbons-Montpensier et enfin les Orléans-Montpensier jusqu'à la mort de Philippe-Égalité. En Beaujolais, on se plaît à rappeler deux "Dames" de Beaujeu : Anne de France, fille de Louis XI, "la femme la moins folle du royaume", qui donna à Beaujeu un lustre royal sans pourtant résider au château de Pierre-Aiguë, et Mademoiselle de Montpensier, "la Grande Mademoiselle", vénérée pour sa profonde charité. Quant au château, peu à peu abandonné par des maîtres possesseurs d'autres résidences, il fut détruit en 1611 sur l'ordre du gouverneur de Lyon.
Plus longue fut la carrière de la Collégiale, église qui était attenante au château. Sa création, ainsi que celle de son chapitre, date du XIème siècle. Elle devint un magnifique monument qui comptait 19 autels et dont une chapelle, Notre-Dame-de-Grâce, était l'œuvre de Colomban, le sculpteur de Brou. Des grands noms qui forment la liste des doyens et des chanoines, il faut retenir, au XVème siècle, celui de Guillaume Paradin, célèbre pour son histoire de Lyon. La démolition de 1793 nous a laissé de la Collégiale : le linteau "suovetaurilia" (Musée Gallo-Romain à Lyon - Moulage au Musée de Beaujeu), un tableau représentant Sainte-Catherine d'Alexandrie (Musée des Beaux-Arts de Lyon), une Vierge de bois polychrome (Musée des Beaux-Arts de Lyon). Sur la montagne de Pierre-Aiguë, la fontaine du chapitre et quelques maisons canoniales sont les derniers vestiges de l'époque où les Sires de Beaujeu, tantôt grands, tantôt mesquins, mais toujours batailleurs, formèrent avec leurs mains le royaume de France.