CHAPELLE SAINT LOUIS DE GONZAGUE
En entrant par la grande porte de l'église, la première chapelle que l'on rencontre à main droite est la chapelle de Saint Louis de Gonzague. Déjà ancienne, cette chapelle était précédemment placée sous le vocable du Saint-Esprit. Son style est du XIIIème siècle, les nervures ogivales viennent toutes aboutir à la clef de voûte. On remarque à droite de l'autel, pratiquée dans le mur, une niche très belle à arcade tribolée. On donnait le nom de crédence à ces niches. Celle de notre chapelle est un spécimen du genre, c'est là où le prêtre se lavait les doigts avant le Sacrifice ; aussi, au fond, se trouve une piscine pourvue d'ouverture où l'eau s'échappe dans les caveaux. Actuellement, on y entrepose les burettes et on y verse l'eau des ablutions. Les crédences ne paraissent pas être antérieures au régime ogival et à la transition.
La chapelle est éclairée par une fenêtre assez large, divisée en deux meneaux verticaux, formant trois baies qui s'élèvent jusqu'à la naissance de l'ogive. Dans l'intervalle laissé en haut de la croisée se trouve un ornement en forme de trèfles, de coeurs, et de quatre-feuilles. Cette architecture fine sert de cadre à un superbe vitrail de la fin du XVèmesiècle. Il présente dans la baie de droite, Saint Jean-Baptiste, dans celle du centre l'archange Saint Michel et dans celle de gauche Saint Nicolas, patron de l'église. Ce dernier est de composition plus moderne, il a dû être repeint complètement lors de la première restauration de la verrière. La partie la plus authentique est certainement celle du haut, qui représente de magnifiques anges. Dans ces sujets, dominent l'éclatante couleur rouge et celle du bleu, à côté d'autres couleurs simples et primitives, à l'exclusion des teintes composées.
L'autel est encadré de deux socles élévés d'où partent deux immenses colonnes, qui supportent deux corniches monumentales, de style renaissance. Au centre se trouve un fronton en cintre surbaissé avec tympan. Évidemment, cet encadrement est postiche et date du début du XIXème siècle, ou tout au plus, de la fin du XVIIème siècle. Au dessus du confessionnal, qui est face à l'autel, se trouve un tableau dont le sujet est une crucifixion.
L'autel est en bois, forme tombeau avec rétable. Il est surmonté d'un grand tableau représentant Saint Louis en prière, daté de 1835 et signé : Adéodat SAMYON.
Ce vitrail ainsi que ceux des chapelles de Saint Antoine et des Font baptismaux sont classés parmi les « Monuments Historiques ».
Pour terminer, il reste à dire un mot du caveau mortuaire de la famille célèbre des Seigneurs DESCROT-MALEVAL, qui doit être sous la chapelle de Saint Louis.
La pierre tombale est non loin de là dans la nef et porte l'inscription de trois membres de la famille. La première gravée autour de la pierre en forme de cadre est ainsi rédigée :
CY GIST NOBLE SEIGNEUR MESSIRE CLAUDE DEBROSSE SEIGNEUR DESCROT ET DE MALEVAL, COMMANDANT EN LA VILLE ET CHÂTEAU DE BEAUJEU, DÉCÉDÉ LE 28 SEPTEMBRE 1603.
La seconde ainsi conçue :
CI GIT MESSIRE CLAUDE DEBROSSE CHEVALIER, SEIGNEUR DECROT MALVAL LEQUEL DÉCÉDA, LE 17 AVRIL 1717.
Enfin voici la troisième :
ICY EST LECOEUR DE MESSIRE CLAUDE DEBROSSE, CHEVALIER BARON DE CHAVANNE DE DUNLE ROY, CHEVALIER DE SAINT LOUIS, QUI TRÉPASSA À CLUNY, LE 17 JUIN 1741.
CHAPELLE SAINT ANTOINE
La chapelle Saint Antoine est dans le même style que la chapelle Saint Louis. L'autel simple avec rétable ordinaire et tabernacle en bois est garni devant d'un antependium en étoffe. Il est encadré de deux colonnes, qui supportent un fronton triangulaire, en relief, formé par trois corniches. Sur le tabernacle se trouve un grand crucifix en bois, sculpture ancienne, dont on ignore l'origine. D'un aspect simple et reposant, il inspire la confiance parce que sa tenue est tout-à-fait orthodoxe et n'évoque rien de janséniste.
Au dessus de l'autel, on peut admirer une grande toile dont le sujet est la descente de l'Esprit-Saint sur la Sainte Vierge et les Apôtres, le jour de la Pentecôte. Il n'est pas signé et paraît être une copie ancienne. Il mérite un examen attentif. On pourrait le désigner comme un exemple d'une étude de mains. En effet, les Esprits manifestent leur attitude par leurs regards perdus dans la lumière d'En-haut et par leurs mains, ou élevées ou étendues, ou contractées ou enfin ouvertes, et les doigts écartés suivant les divers personnages. On compte une douzaine de poses différentes de mains.
Un autre tableau, plus petit mais remarquable, se trouve face à l'autel, au-dessus du confessionnal. Il représente le buste de Saint François de Paule dans son costume de bure. Au dessous est écrite cette grande inscription :
« S.FRANCISCUS DE PAULA ORDINIS MINORUM FONDATOR ANNO 1435, PRIMUS GENERALIS INSTITUTUS A SIXTO IV, 1454, CONFIRMASTUS A JULIO II 1506. » Traduction : « Saint François de Paule, fondateur de l'Ordre des Minimes en 1435, confirmé dans cette charge par Jules II en 1506. »
La chapelle est éclairée par superbe vitrail de la fin du XVème siècle, partagé en deux meneaux verticaux, formant trois baies. Dans celle de droite, figure Saint Antoine, dans celle du milieu Saint Alphonse portant ma mitre, la crosse et un exemplaire de ses ouvrages de piété, et dans celle de gauche, Saint Benoît également en bure. Ces trois saints sont sans nul doute de facture récente. Du reste, Saint Alphonse mourut à la fin du XVIIIème siècle.
Mais la partie authentique et admirable du vitrail est celle du haut, où se trouvent des anges ailés, des anges en prières.
De chaque côté du vitrail sont deux belles statues en bois ; la première à droite, celle de Saint Roch de la fin du XVème siècle, et à gauche, celle de Saint Antoine, moine. Enfin, sur le bord de la chapelle, près de la nef, la statue de Saint Antoine de Padoue, en stuc polychrome, qui n'a rien de remarquable.
CHAPELLE SAINTE ANNE ou CHAPELLE GOTHIQUE
Comme son nom l'indique, cette chapelle fut édifiée à la période du beau style gothique flamboyant, c'est-à-dire vers le début du XVème siècle. Elle mérite d'être visitée avec soin.
La voûte est garni de nervures savantes, qui viennent se résoudre aux quatre angles en des corbeaux finement sculptés qui révéleraient plus de détails s'ils n'étaient recouverts de peinture. La clé de voûte est dentelée.
La chapelle est éclairée par une remarquable ouverture partagée par un meneau central, qui s'entrelace avec ceux de étale avec beaucoup de grâce les figurines contournées dans l'ogive. Il est dommage que le temps n'ait pas respecté le vitrail qui garnissait cette ouverture, une simple fenêtre le remplace.
À l'extérieur, on y voit des sculptures et de la rue, on peut admirer des chardons finement taillés dans la pierre. Pourquoi là des chardons ? Sans doute parce que, vers l'an 1400,
la Baronnie de Beaujeu passa aux Bourbons avec Louis II de Bourbon, Comte de Forez. Or, la devise de la Maison de Bourbon était : Espérance, avec des chardons.
L'autel de la chapelle est en bois. Dans une niche creusée au dessus du tabernacle, on voit une grande statue de Sainte Anne debout. À sa gauche, on trouve la Sainte Vierge Marie encore fillette, tenant un livre ouvert et lisant les Saintes Écritures sous la surveillance de sa mère.
Au pied des statues, un petit tonnelet sur lequel on lit : « Confrérie de Sainte Anne. 1866. » indique que Sainte Anne est la patronne des vignerons. N'est-elle pas la grand'mère de Jésus, dont le premier miracle a été de changer l'eau en vin aux noces de Cana.
Deux autres statues de valeur sont placées dans cette chapelle : du côté de l'Epître, Saint Louis, roi de France, en bois doré et du côté de l'Evangile, Saint Pierre en bois sculpté polychrome.
L'ENFEU DE LA CHAPELLE SAINTE ANNE
L'enfeu est cet enfoncement dans le mur de séparation de la nef avec la chapelle, enfoncement dont la paroi est ajourée par de superbes ouvertures taillées dans la pierre. Sa dimension est de 2,20 m de base, de 0,60 m de profondeur. Le mot « enfeu » vient de enfouiret désigne une sorte de caveau funéraire pratiqué dans un mur, comme on en voit dans les catacombes.
On prétend qu'à la mort d'un Sire de Beaujeu, son corps était exposé dans cet enfeu avant l'inhumation. La forme, la grandeur et surtout l'étymologie du mot enfeu, enfouir, caveau, semble être vraisemblable. Après le défilé de la population devant la dépouille mortelle,
l'inhumation avait lieu à Belleville, dans les caveaux de l'église. Cette église, construite par HUMBERT III et dont la première pierre posée le 7 juillet 1168, renfermait, en effet, les tombeaux des Sires de Beaujeu.
On compta 15 princes ou princesses inhumés dans l'église de Belleville. Plusieurs tombeaux étaient remarquables. Beaucoup furent brisés par les protestants en 1567 et l'oeuvre de destruction fut achevée en 1793.
Chaque année, en l'église de Belleville, on célébrait un service solennel pour les Sires de Beaujeu et cette pratique dura jusqu'à la Révolution.
CHAPELLE DES FONTS-BAPTISMAUX
Non loin de l'entrée principale de l'église, à main gauche, se trouve une chapelle dont l'ouverture est formée par une barrière ancienne en fer forgé.
À l'intérieur à gauche, on voit un large bénitier clos par un couvercle doré. L'intérieur comprend deux compartiments : l'un en forme de piscine, où l'on place l'Eau Baptismale bénite de Samedi-Saint et la veille de la Pentecôte, et l'autre où se trouve l'orifice d'un puits creusé pour recevoir l'eau du baptême et l'eau qui sert à purifier les linges sacrés. C'est ce qu'on appelle des Fonts-baptismaux, d'où le nom de la chapelle.
Entre les fonts-Baptismaux et le mur se trouvent deux statues grandeur nature évoquant le souvenir de Saint Jean-Baptiste, le Précurseur administrant à N.-S. sur les bords du Jourdain le baptême de pénitence, qui était la figure du sacrement que Jésus devait instituer plus tard pour purifier les hommes de la Tache Originelle et les fils enfants de Dieu et de l'Église.
Ce groupe très artistique est signé du sculpteur BONNASSIEUX de Paris et a été placé dans la chapelle ainsi que le monument des Fonts-Baptismaux de style gothique, en 1919.
En face des Fonts-Baptismaux se trouve l'autel de N.-D. de la Miséricorde. Une sculpture placée sur le tabernacle représente la Sainte Vierge Marie assise au pied de la Croix et tenant sur ses genoux le corps inanimé de son Fils. D'une finesse d'expression remarquable, elle interroge d'un regard plein d'anxiété et de tristesse et semble dire : « Vous qui venez, voyez et dites s'il est une douleur semblable à la mienne ».
La chapelle est éclairée par un superbe vitrail, qui tient tout le fond. Il est classé de la fin du XVème siècle. Il représente le martyre de Saint Crépin et de Saint Crépinien ; qui étaient les patrons de la confrérie des Cordonniers et des Tanneurs, lesquels étaient nombreux à Beaujeu. Ils vécurent au IIIème siècle et appartenait à une famille chrétienne et distinguée de Rome. Quand la persécution de Maximien sévit, ils quittèrent leur pays pour se fixer à Soissons où ils devinrent d'habiles cordonniers. Arrêtés et livrés à Maximien, ils furent martyrisés en 287. Le père et le fils eurent les dix doigts transpercés avec des alènes. Puis le père, à gauche, fut brûlé vif et son fils Crépinien fut ébouillanté dans une chaudière d'eau chaude.
Au milieu du vitrail, on voit une « Mater dolorosa » au pied de la Croix. Elle est vêtue d'une robe d'une teinte pourpre diaprée inimitable de nos jours. Ce vitrail est un chef-d'oeuvre et le plus bel ornement de notre église.